Nous sommes un jour du printemps en 2013, Laura Paul trouve un maître d’apprentissage au Rapid couture de Saint-Sébastien-sur-Loire, petite ville de Loire-Atlantique, en périphérie de Nantes. Sébastien, son futur maître d’apprentissage, est au téléphone avec elle pour lui annoncer un choix à faire.

Imaginez-vous, devoir faire un choix crucial pour votre vie alors que vous n’avez que 18 ans. Soit, elle part sur un CDI en tant que retoucheuse, soit elle continue à étudier pour devenir modéliste et tenter sa chance. La profession de modéliste est un métier qui se situe entre la styliste qui dessine un vêtement et la couturière qui crée, à partir du dessin, ledit vêtement. La modéliste s’occupe de mettre le dessin de la styliste à plat afin de tracer les lignes du patron qui servira de support pour la couturière.

Alors modéliste ou retoucheuse à Rapid couture ? La retouche devient une évidence pour Laura.

Elle découvre, petit à petit, qu’être retoucheuse, c’est différent de ses études autour des métiers de la mode et du vêtement. Elle apprend dans le magasin Rapid couture de Saint-Sébastien-sur-Loire. Elle fait ses gammes comme une pianiste, mais son piano à elle, c’est son aiguille et sa machine. Elle adore recevoir un vêtement de la part d’un client qui lui explique son problème. Ensuite, elle analyse, elle cherche car oui : « La retouche c’est comme une enquête policière sur un vêtement ». Par exemple, certaines doudounes sont triplement doublées et il faut trouver le chemin d’accès en se référant à certains « indices ». Laura, c’est aussi la fougue de la jeunesse, celle qui vous donne des ailes pour vous rapprocher du soleil, à l’instar d’Icare. Mais elle ne craint pas de se brûler, elle le sent au fond d’elle, elle veut ouvrir une boutique Rapid couture. L’entrepreneuriat, c’est de famille ; sa maman et sa grand-mère sont des « patronnes ». Alors, le réseau Rapid couture la soutient : « Il n’y a pas d’âge, quand on a le talent et le travail. Il faut y aller et nous serons là pour t’épauler ». Une franchise solide, une technique maîtrisée, sa fougue en bandoulière, elle fonce. 

En novembre 2015, elle ouvre sa boutique dans Nantes.

La première journée ne se passe pas comme prévu, le conte de fées ne dure pas, au point de faire douter Laura l’intrépide. Le premier client est une personne ayant peu de moyens qui demande de faire une réparation à son manteau. Le prix ne lui convient pas et il ne veut pas payer. C’est tout, fin de la journée, le rideau se ferme dans cette rue nantaise, désertée par le vent froid et le crachin breton caractéristiques de Nantes à cette période. Laura a 20 ans et le doute l’envahit. Où ai-je mis les pieds, que fais-je dans cette galère ? 

La remise en question est de courte durée, Laura retrousse ses manches et va démarcher les commerçants locaux, les voisins, les habitants du quartier. Résultat, tout le monde vient voir la jeune couturière comme on l’appelle. Tellement jeune, que beaucoup de clients demandent : 

  • « Mais votre patronne, elle n’est pas là ? »
  • « C’est moi, madame », rétorque-t-elle avec le sourire. 

Car oui, Laura a toujours le sourire. 

Le comble pour Laura serait de ne pas avoir « la taille patron », elle, l’ancienne étudiante dont la vocation était d’être modéliste avant d’être retoucheuse. Il y a le revers de la médaille à être cheffe d’entreprise si jeune, c’est de trop donner. Durant les premières années, elle a une clientèle de plus en plus nombreuse et Laura ne sait pas dire non. Elle veut faire bien, vite et pas cher, pour ses clients. Alors oui « j’ai dormi ici dans ce coin- là de la boutique pour aller plus vite et pour satisfaire mes clients », se rappelle-t-elle.

La tête veut toujours retoucher et coudre, le corps fatigue, l’usure se fait sentir. La Covid et une grossesse plus tard, cela lui a laissé le temps de réfléchir à la situation. « Je vais embaucher et mieux m’organiser », promet-elle. La boutique et l’atelier sont repensés afin de repartir à zéro sur une nouvelle aventure. Maintenant, elle réussit à s’octroyer du temps pour sa famille tout en continuant le développement de son métier passion. Cette passion, elle veut la transmettre aux autres pour faire découvrir ce métier si singulier et valorisant. Elle s’occupe de la formation au sein de Rapid couture pour toutes les nouvelles personnes qui intègrent le réseau. Donner ce qu’elle a reçu, transmettre ce cadeau que lui a fait la vie, c’est aussi cela Laura. 

Elle aime dire une chose : « Ne vous tracassez pas ». Cette phrase, elle l’avait déjà dite à son premier client. Comme quoi, la fougue de la jeunesse n’a pas disparu chez Laura, pour le plus grand plaisir de ses clients, toujours aussi nombreux.

Vous pouvez également la suivre sur sa page Facebook et lui rendre visite dans son atelier-boutique, où elle se fera un plaisir de vous accueillir et de vous proposer ses services.